Jin-me Yoon. Temporalités depuis l’ailleurs

Commissaire : Anne-Marie St-Jean-Aubre

Du 8 juin 2019 au 8 septembre 2019

À propos —

Le Musée d’art de Joliette présente la première exposition-bilan consacrée à l’artiste canadienne d’origine coréenne Jin-me Yoon.

L’exposition Living Time From Away [Temporalités depuis l’ailleurs] rassemble des photographies, des vidéos et des œuvres installatives soulignant les différentes stratégies employées par Yoon pour sonder les notions de nationalisme, de sentiment d’appartenance, d’immigration, de commémoration, de représentation identitaire et de construction de l’histoire. Cette première exposition individuelle d’importance fait un bilan des trente ans de carrière de l’artiste et dévoile une série d’œuvres inédites.

L’exposition se déploie en deux volets thématiques. Le premier est présenté au Musée d’art de Joliette du 8 juin au 8 septembre 2019 et le deuxième, au Musée d’art contemporain des Laurentides du 8 septembre au 3 novembre 2019. Le projet fera l’objet d’une circulation en 2020 et en 2021.

 

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Avec l’appui du gouvernement du Québec et de la Fondation du Musée d’art de Joliette.

Gouvernement du Québec

 

 


Images à la une : 

© Jin-me Yoon, Matter Flows and Forces (détail), 2018. Épreuve à développement chromogène, 274,3 x 180,3 cm. Avec l’aimable permission de l’artiste.

© Jin-me Yoon, vue de l’exposition du MAJ, été 2019, avec l’artiste, Jin-me Yoon : Touring Home From Away (détail), 1998-1999, neuf caissons lumineux. Photo : Romain Guilbault

© Jin-me Yoon, vue de l’exposition du MAJ, été 2019 : Souvenirs of the Self (Rocky Mountain Bus Tour) (détail), 2001, épreuve au jet d’encre sur polyester laminé. Photo : Romain Guilbault

© Jin-me Yoon, vue de l’exposition du MAJ, été 2019 : Turn (détail), 2017, vidéo. Photo : Romain Guilbault

© Jin-me Yoon, vue de l’exposition du MAJ, été 2019 : Touring Home From Away, 1998-1999, neuf caissons lumineux. Photo : Romain Guilbault

© Jin-me Yoon, Living Time (détail), 2019. Arrêt sur image. Avec l’aimable permission de l’artiste.

© Jin-me Yoon, Rest (détail), 2012. épreuve à développement chromogène, 148,6 x 121,92 cm. Avec l’aimable permission de l’artiste.

 


Biographie —

L’artiste canadienne d’origine coréenne Jin-me Yoon vit et travaille sur la portion des territoires non cédés occupés par les peuples salish de la côte appartenant aux nations xʷməθkwəy̓əm (musqueam), Skwxwú7mesh (squamish) et Səl̓ílwətaɬ (tsleil-waututh).

Dans sa pratique de la photographie, Jin-me Yoon s’applique à déconstruire les discours dominants et les stéréotypes sur la citoyenneté, la nationalité, la culture, le genre et la race. Dans ses productions vidéographiques et installatives, elle se penche sur des questions relatives à l’histoire, au lieu, à l’identité et au corps, empruntant la loupe de la théorie transnationale afin de mettre au jour un contexte de relations internationales entremêlées et interdépendantes.

Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions sur la scène nationale et internationale, et plusieurs de ses œuvres font partie de collections privées et publiques au Canada et ailleurs. En 2009, elle a été finaliste du Prix de photographie AIMIA du Musée des beaux-arts de l’Ontario. En 2013, elle a reçu une bourse dans le cadre du programme Smithsonian Artist Research Fellowship(SARF) et en 2017, une commande majeure de Repères2017/LandMarks2017. Elle a été nommée membre de la Société royale du Canada en 2018.

 

C’est avec beaucoup de fierté que le Musée d’art de Joliette présente en première canadienne une rétrospective de cette artiste incontournable.

 

Mot de la commissaire —

Living Time From Away [Temporalités depuis l’ailleurs] est le premier volet d’une exposition-bilan consacrée au travail de Jin-me Yoon, une artiste canadienne d’origine coréenne vivant à Vancouver, qui cumule près de trente ans de pratique artistique. Suivant une approche non chronologique, cette exposition propose un parcours thématique à travers des œuvres condensant plusieurs des préoccupations initiales de Yoon liées à son héritage coréen, à son expérience de migration et à sa mise à l’épreuve de ce que l’on considère comme la réalité canadienne. Alors qu’elle est confrontée à la lecture contextuelle et changeante des signes affichés par son corps – surface d’inscription, mais également de projection –, elle élabore des œuvres qui critiquent les idées reçues et les stéréotypes liés au genre, à la maternité, à la race, à la culture et à la nationalité. Ses projets photographiques des années 1990, qui s’inscrivent dans la tradition de la photographie conceptuelle de Vancouver et dans celle d’artistes racisés, altersexuels (queer) et féministes performant pour la caméra, misent sur la déconstruction. Ils citent ce que Yoon nomme ses « représentations héritées » pour mieux les troubler en y insérant des indices qui font douter de ce que l’on regarde et interrogent ainsi les conditions mêmes de l’inclusion. Bien que ces préoccupations restent constantes, ses projets récents mettent de l’avant son approche poétique et affective.

Par exemple, en reprenant les stratégies publicitaires de l’industrie du tourisme, axées en grande partie sur une célébration de la grandeur des paysages canadiens, Yoon s’interroge sur le rôle idéologique porté par ces images. Les paysages permettent la consolidation d’une conception limitée de l’identité nationale qui fait l’impasse sur les mémoires multiples associées à ces lieux. Ils servent ainsi à la promotion d’une version de l’histoire nationale dont plusieurs sont exclus. Traversant le pays d’un océan à l’autre, Yoon a décortiqué les histoires et représentations rattachées à l’île de Vancouver, à l’île Hornby, à Calgary, à Banff et à l’Île-du-Prince-Édouard, les faisant apparaître comme des constructions standardisées et souvent idéalisées. L’artiste est bien connue pour ce versant de sa démarche, mais cette exposition nous encourage également à apprécier ses œuvres à un autre niveau. Au sein des projets rassemblés ici défilent des vies humaines à différents âges, associées par des liens qu’on devine significatifs : un bébé devenu jeune adulte, des parents au crépuscule de leur vie, des gestes de soutien filial, une sensibilité pour la spiritualité, la mort et la nature en tant que réalité englobant le genre humain. Bien que les situations représentées rejoignent le plus grand nombre, ce sont elle, ses proches et les membres de sa famille qui en sont les figurants, ce qui ajoute une connotation sensible à l’ensemble de sa production. L’esthétique clinique généralement associée aux mises en scène conceptuelles de Yoon s’en trouve ainsi déstabilisée et complexifiée. Par ce choix, l’artiste nous rappelle que l’exclusion et les préjugés n’ont pas qu’une existence théorique, mais affectent le quotidien de réels individus.

Le deuxième volet de l’exposition-bilan, comprenant un tout autre corpus d’œuvres de Jin-me Yoon, aura lieu au Musée d’art contemporain des Laurentides du 8 septembre au 3 novembre prochain.