À propos —
L’artiste Catherine Boivin a été sélectionnée par Marie-Claude Néquado, le Centre d’amitié autochtone et le Musée d’art de Joliette pour réaliser la murale présentée pendant deux ans au MAJ. C’est par le thème de la transmission qu’elle a choisi d’aborder la question de la réparation et de la résilience, qui étaient également au cœur des murales précédentes, Mackwisiwin [La force] par Eruoma Awashish et Mirwatisiwin [La guérison] par Marie-Claude Néquado, créées en mémoire de la mort de Joyce Echaquan. Pour cette nouvelle œuvre, Boivin propose un regard actuel sur sa culture atikamekw et sa transmission de génération en génération. Son collage numérique la représente ainsi aux côtés des autres femmes de sa famille : sa fille, sa mère et sa grand-mère. La ligne violette fait référence à la passation de l’héritage de son aïeule, tout comme les pochoirs aux motifs de plantes, qui étaient jadis les siens.
L’artiste s’intéresse aux legs des savoirs liés au territoire, aux plantes et à leur potentiel de guérison, à leur représentation à travers l’ornementation des vêtements ou des mocassins, ainsi qu’au geste de fabrication de ces habits. Connaissances et savoir-faire s’entremêlent ici comme autant de transmissions possibles des cultures autochtones, qui se révèlent dans le travail des matériaux bruts et des matières végétales, issues de la terre et intrinsèquement connectées au territoire, comme au corps. En atikamekw, c’est par l’expression « dans ton sang » que l’on nomme la transmission, le fait de se souvenir. Par son œuvre, l’artiste rend hommage à cet héritage et à la mémoire de ses ancêtres qui circule en elle, qu’elle peut à son tour léguer et réinterpréter.
Le dévoilement de la nouvelle murale de Catherine Boivin, Ke miritan [Ce que je vais te donner], aura lieu le samedi 5 octobre 2024, à l’occasion du vernissage automnal du Musée d’art de Joliette.
Biographie —
Fortement inspirées par la culture atikamekw, les œuvres de Catherine Boivin suscitent des réflexions sur l’actualité, la modernité et l’histoire. L’artiste aborde des thèmes qui touchent particulièrement les peuples autochtones, tels que le rôle des femmes, les critères de beauté, les stérilisations forcées, l’occupation du territoire et le colonialisme. Ce faisant, Catherine Boivin déconstruit les visions stéréotypées (autant positives que négatives) et propose une lecture personnelle et contemporaine de sa culture. Adepte de course à pied, de musculation et de sport, l’artiste approfondit sa corporalité en questionnant comment l’endurance physique s’incarne dans les pratiques culturelles, du nomadisme jusqu’à aujourd’hui. Elle travaille la peinture, la sculpture et la performance tout en explorant des médiums tels que la vidéo, le son et le dessin numérique. À travers ses performances, l’artiste crée ses propres rituels afin de soigner les maux et réalise des gestes pour faire irradier la résilience sur les blessures.
Originaire de la communauté de Wemotaci, Catherine Boivin est atikamekw nehirowisiw habitant la communauté abénakise d’Odanak. Elle a notamment participé à l’exposition collective De tabac et de foin d’odeur. Là où sont nos rêves (2019, Musée d’art de Joliette). D’abord présentée à daphne, centre d’art autochtone autogéré (2022, Tio’tia:ke /Montréal), Nikotwaso a été sa première exposition solo. Depuis 2022, elle siège sur le conseil d’administration du Wapikoni Mobile. Marathonienne, danseuse de fancy shawl, conférencière et militante, Catherine Boivin cumule plusieurs rôles dont celui de créatrice de contenu, afin de sensibiliser aux questions autochtones sur les réseaux sociaux.
Cette murale est une coproduction du Musée d’art de Joliette et du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière.
Image à la une :
© Catherine Boivin