En dialogue
Automne 2023

Du 30 septembre 2023 au 14 janvier 2024

À propos —

Le texte « En dialogue » décrit la thématique commune des expositions présentées chaque saison au Musée d’art de Joliette.

Le Musée d’art de Joliette a choisi pour thème de cette saison les écologies. Selon la définition héritée de la biologie, l’écologie est la « science qui étudie les relations entre les êtres vivants (humains, animaux, végétaux) et le milieu organique ou inorganique dans lequel ils vivent. » (TLFI) Par extrapolation, ce terme peut être étendu à tous les rapports des individus d’une même communauté et aux liens à leur territoire. C’est cette idée qui est au cœur de l’ambitieux Projet Corbeil, une exposition qui fait appel à la communauté lanaudoise. Elle s’intéresse au fondateur du MAJ, le père Corbeil, et à sa production artistique, tout en mettant en lumière les liens profonds qui unissent l’établissement à sa région et, surtout, à ses habitant·e·s. Le contact privilégié et la confiance de ceux et celles qui ont prêté les œuvres que nous exposons révèlent l’entrelacement des relations et des filiations qui ont permis la transmission de ces œuvres au sein des familles, ou dans d’autres cas, l’histoire de leur parcours jusqu’à une collection privée. Ces histoires individuelles s’entrecroisent et croisent celle du MAJ, participant de son écosystème. C’est ce tissu social, où bénévoles, donateur·rice·s, public, artistes et travailleur·euse·s culturelles occupent un rôle essentiel, qui permet l’équilibre de l’écologie du Musée.

C’est plutôt la définition usuelle d’écologie, comme protection et défense de l’environnement, que l’on retrouve dans les propositions des six artistes rassemblé·e·s dans le cadre de Biophilia. Cette exposition s’intéresse aux liens complexes que les êtres humains entretiennent avec leurs environnements et les différents enjeux qui interviennent dans la préservation de la nature. Ici, comme dans Les intuitions – expo solo de l’artiste Julie Favreau – il est question de nos manières d’être dans le monde et en relation au vivant. Notre monde inclut désormais des entités technologiques qui n’ont rien d’organique, mais qui sont tout de même dotées de vie et d’intelligence, et avec lesquelles nous interagissons. Les intelligences artificielles (IA) sont puissantes et leurs nombreux effets sont palpables : elles transforment nos façons d’accéder à la connaissance, de travailler, de nous divertir et d’entrer en relation les un·e·s avec les autres. Elles évoluent au sein de nos écosystèmes, altérant nos tâches et nos comportements quotidiens. Les imaginaires déployés dans le cadre de ces deux expositions explorent les forces à l’œuvre dans nos écologies actuelles, en perpétuelle adaptation et en constante reconfiguration. En ce moment clé, les artistes interrogent les valeurs que nous souhaitons collectivement mettre de l’avant, les principes que nous priorisons, nos certitudes et nos interdits.

Marianne Cloutier, conservatrice de l’art contemporain par intérim


Images à la une :

Montserrat Duran Muntadas, Leio My Oma (Poils Short), 2020. Photo : Ysabelle Latendresse

Zheng Bo, Le Sacre du printemps (Tandvärkstallen), 2021-22. Avec l’autorisation de l’artiste et de la galerie Kiang Malingue

© Julie Favreau, image tirée de l’œuvre Sensing Shifts, 2023. Interprètes : Bozna, Hubert Lagin et Bea Xu

Wilfrid Corbeil, c.s.v., La cour, 1935. Avec l’aimable permission des Clercs de Saint-Viateur. Photo : © Musée d’art de Joliette