Le jour et la nuit. Programme vidéo

Pascal Grandmaison, Jacynthe Carrier, Augustin Rebetez, Noé Cauderay

Commissaire : Marie-Claude Landry

Du 22 février 2014 au 27 avril 2014

À propos —

La main du rêve

Pascal Grandmaison

De qualité cinématographique, cette projection couleur de 45 min 22 s montre, par « temporalité renversée », la réaction d’une nature mue par une action invisible. La fluidité des mouvements, la proximité du sujet, la finesse des détails, l’absence de narration, le caractère surréaliste de la bande sonore, tout comme la sensualité avec laquelle se dévoilent les éléments, plongent le spectateur au cœur d’une nature en suspension qui transcende la réalité.

Comme le souligne la commissaire et conservatrice de l’art contemporain Marie-Claude Landry, « chez Grandmaison, le traitement du thème de la nature et de ses déclinaisons est passé, au fil des ans, d’une approche formaliste et abstraite […] à une approche [plus] poétique où le spectateur est rapidement [hypnotisé] par l’image ». Par ses œuvres, qu’il crée avec une rigueur et une minutie presque chirurgicale, Grandmaison met en lumière la part d’invisible d’un monde qui souvent nous échappe. Par de subtiles distorsions, il s’attarde à nous faire réfléchir sur notre manière de voir, révélant ainsi les détails cachés de « l’ordinaire » qui soudainement prend un caractère nouveau.

Pascal Grandmaison (1975) est titulaire d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université du Québec à Montréal (1997). Actif sur la scène de l’art contemporain depuis la seconde moitié des années 1990, il est aujourd’hui considéré comme l’un des artistes les plus rigoureux et novateurs de sa génération. Son travail a récemment (2011) fait l’objet d’une rétrospective au Casino Luxembourg ainsi que d’une exposition individuelle au Musée d’art contemporain de Montréal (2006), exposition également présentée à la National Gallery of Canada. Grandmaison est représenté par la galerie Eponyme, à Bordeau, la Jack Shainman Gallery, à New York, et la Galerie René Blouin, à Montréal.

Les Eux

Jacynthe Carrier

La présentation rassemble une vidéo couleur de 7 min et l’une des six photographies qui accompagnent la vidéo. Tournée au milieu d’un paysage aride, abandonné, gris, anonyme, la vidéo met en scène un regroupement d’individus entassés les uns sur les autres. L’espace privé devient ici espace public. Ces individus interagissent sans réserve, se regardent, se respirent, se touchent, se pincent, se scrutent, s’explorent minutieusement. La narration silencieuse, où seuls les froissements d’un vêtement et le glissement d’un pied sur le sable deviennent perceptibles, est entièrement composée de plans rapprochés, donnant au spectateur l’impression d’être lui-même au centre de cette étrange chorégraphie. La photographie qui accompagne la vidéo révèle le lieu maintenant vide et désertique, si ce n’est les empreintes laissées dans le sable qui gardent en mémoire, comme l’image elle-même, les seules traces témoignant des événements.

Dans son travail, Jacynthe Carrier s’intéresse au corps, à l’environnement et aux manières dont ils peuvent entrer en relation. Par l’utilisation de la photographie et de la vidéo, elle crée des occasions de rencontre où le corps, les objets et les gestes s’unissent dans des mises en scène performatives et des situations improbables afin de rendre possible le réapprivoisement de certains lieux. Comme le remarque Marie-Claude Landry, commissaire et conservatrice de l’art contemporain, si Les Eux témoigne de ces préoccupations, « [le] projet se distingue [néanmoins] des œuvres antérieures de Jacynthe Carrier dans la mesure où les plans rapprochés de la caméra évacuent le paysage », le corps faisant ici davantage office de lieu.

Rotor et Maison

Augustin Rebetez et Noé Cauderay

Tourné à l’hiver 2012-2013 dans une mine de graphite abandonnée dans le nord de la Norvège, Rotor, d’une durée de 9 min, met en scène un décor d’atelier en pleine action. Maison, d’une durée de 11 min, raconte le récit débridé d’une maison où l’amour s’autodétruit et meurt. Ces deux vidéos réalisées en stop motion sont le théâtre d’un cirque mécanique où s’animent, image par image, des tables dansantes, des lampes tamponneuses, des zombies et des fusées, des cheminées canons, des engins obscurs, un parc d’attractions monté de tonneaux, de madriers, d’échelles et de rouille qui bougent au rythme des sons saccadés et frénétiques des cliquetis, de la ferraille et des klaxons.

À la fois tragique et comique, parfois étourdissant, le travail d’Augustin Rebetez évoque un étonnant « maelstrom d’humour cinglant », un monde chaotique, brutal, débridé et visuellement puissant qui traduit un grinçant regard sur la société. Artiste multidisciplinaire, Rebetez donne corps à son univers par la photographie, la vidéo, le dessin, la peinture, l’écriture et le bricolage. Il en résulte des œuvres rafraîchissantes et sans prétention où explosent une liberté de ton et un univers créatif qui semble intarissable.

Information —

Horaire de programmation La main du rêve – samedis et dimanches de 13 h à 16 h Les eux - samedis et dimanches de 13 h à 16 h Rotor et Maison – jeudis de 19h à 21 h
À l’Espace urbain du Musée d’art de Joliette