À propos —
Le Musée d’art de Joliette (MAJ), en collaboration avec le Festival de Lanaudière, vous invite à éveiller vos sens avec les installations de l’artiste d’origine colombienne Oswaldo Macià. Présenté dans la salle 3 du MAJ, Calumny offre une expérience à la fois visuelle et olfactive. Prenant le corps du regardeur à témoin, cette expérience multi-sensorielle se joue des perceptions temporelles et culturelles au moyen de lancinants balanciers et de parfums à fonction allégorique qui rendent inséparables les sens interpellés.
Calumny est inspirée d’une œuvre picturale du même titre qui fut créée par un peintre grec de l’Antiquité, Apelles, d’après une description formelle de l’architecte et humaniste Leon Battista Alberti dans son traité sur la peinture De pictura publié en 1435. En collaboration avec le parfumeur Ricardo Moya, Macià s’est consacré à la création d’une variété de fragrances inspirée de la composition originale du tableau, tel que décrit par Alberti. Ces odeurs sont diffusées dans l’espace d’exposition par cinq globes lumineux effectuant des mouvements latéraux à la manière de grands encensoirs. Par opposition à l’écriture, qui a souvent été la principale forme de langage utilisée dans la transmission du savoir à travers les civilisations, le travail de Macià change la formule. De la vue, nous passons avec Calumny aux autres sens. Cette démarche a pour but d’ouvrir l’horizon de nos perceptions.
La seconde installation, intitulée Surrounded in Tears, est une symphonie regroupant une centaine d’enregistrements de pleurs issus de différentes époques et de différentes cultures. Intégrés à l’exposition permanente d’art sacré du MAJ, les sons sont diffusés par seize haut-parleurs en forme de cloche. Ainsi suspendue parmi les œuvres religieuses de la collection, cette complainte enveloppe entièrement l’espace d’exposition, lui donnant un lustre d’une beauté à la fois mystique et terriblement cruelle. Cette combinaison d’abord d’ordre esthétique nous rappelle également que, malgré son message qui n’est qu’amour, la religion est trop souvent source de souffrances. Macià a produit cet arrangement sonore en collaboration avec le compositeur anglais Michael Nyman, célèbre compositeur de la trame musicale du film La leçon de piano.
La visite se poursuit hors les murs avec l’installation Something Going on Above My Head, de l’artiste Oswaldo Macià et l’exposition Le Musée en kit. Présentée exclusivement sur le site du Festival de Lanaudière, Something Going on Above My Head est une œuvre sonore composée de près de 2000 chants d’oiseaux en provenance de quatre continents. Recueillis au terme de cinq années de recherche dans les bibliothèques et les archives ornithologiques, ces chants, grognements, cris, hululements ont fait l’objet de choix en fonction de sonorités, de gammes de tons et de fréquences facilement identifiables.
Cette installation sonore est présentée à l’occasion du centième anniversaire de la naissance d’Olivier Messiaen, reconnu pour son investigation sur les mélodies que produisent les oiseaux. Macià, qui est à l’occasion comparé à ce grand compositeur de musique classique, poursuit toutefois des intérêts différents. Alors que Messiaen avait pour objectif de sensibiliser le public à la sphère ornithologique, les chants d’oiseaux modulés et orchestrés par Macià ont plutôt pour but de faire réfléchir le spectateur sur sa propre mémoire et son propre vécu par l’utilisation de sons qui lui sont familiers.
Présentée dans les sentiers menant à l’amphithéâtre sur le site du Festival de Lanaudière, cette véritable sculpture sonore est l’occasion unique d’entendre dans un même lieu des oiseaux qui, peut-être, ne se rencontreront jamais.
Something Going on Above My Head a fait l’objet de plusieurs expositions internationales notamment à Venise à l’occasion de la 51e Biennale en 2005, au Haunch of Venison, London, 2004 ,au Haunch de Venison à Londres en 2004 et au Museo Reina Sofia à Madrid en 2003.
Biographie —
Oswaldo Macià est né en 1960 à Carthagène, en Colombie. Après quatre années d’études en arts plastiques au Studio Intermedio, il émigre à Bogotá où il obtient une licence en histoire de l’art, à l’Université Nationale. Aujourd’hui, il habite Londres et y travaille. Muni d’un magnétophone, unique outil nécessaire à la construction de sa « sculpture orale », il dirige des projets gravitant autour des archives sonores .