Salvifique

Commissaire : Julie Alary Lavallée

Du 19 juin 2021 au 6 septembre 2021

À propos —

Salvifique célèbre le retour de la réception de l’art en présentiel après des mois de disette muséale. Elle donne à voir les acquisitions récentes du Musée d’art de Joliette (MAJ) et s’octroie un rôle salvifique, un pouvoir divin apportant le salut à l’âme. Elle nous arrache de l’emprise de l’écran et des dispositifs numériques, ces filtres à travers lesquels la culture a été abondamment consommée pendant le confinement, afin de nous faire renouer avec l’expérience de l’objet d’art et l’amplitude de ses subtilités matérielles.

À l’image de la collection du Musée, principalement féconde en art du 20e siècle à aujourd’hui, Salfivique réunit des œuvres réalisées entre 1925 et 2015. Ces dernières articulent des effets d’échelle et de texture ainsi que des angles d’appréciation que l’écran ne peut traduire avec justesse malgré la performance accrue des technologies. Parcours de l’histoire de l’art canadien, à une exception près, l’exposition propose un accrochage anhistorique arrimé autour d’affinités physiques ou thématiques. La nature, la représentation du corps, l’abstraction, la culture tant savante que populaire et la perception visuelle y deviennent les principaux catalyseurs des regroupements d’œuvres.

La matérialité des objets interpelle d’emblée les sens, dont celui du toucher et la dimension haptique qui lui est associée, cette mémoire visuelle du toucher. Les œuvres plus anciennes exposées, figuratives, établissent un clin d’œil à l’histoire l’art du début du 20e siècle. Certaines analyses, dont celles de la texture des corps dénudés, s’alimentaient à l’époque de vocables puisant à même le monde tactile et la vision haptique. Les œuvres bidimensionnelles ont été choisies en raison de la densité matérielle évidente qui les anime et les rapproche parfois du vocabulaire sculptural. Certaines d’entre elles invitent toutefois un regard rapproché, afin d’y déceler les rendus texturés et subtils en surface. D’autres impliquent un engagement et le déplacement du corps en raison de leurs grandes dimensions. Quant aux sculptures, elles traitent du corps de manières diverses ou abordent le caractère indiciel, la trace, du toucher généré au contact d’un objet qui n’est plus.

Salvifique souligne aussi un rattrapage important mais inachevé, qui oriente le choix des acquisitions au MAJ depuis les dernières années, celui de la parité hommes-femmes artistes. Le renouvellement de la politique de la gestion des collections du MAJ, à l’ordre du jour cette année, doit agir de guide pour les années à venir bien que d’autres rattrapages soient déjà à l’œuvre.

Julie Alary Lavallée
Conservatrice des collections

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Artistes : 

Pierre Ayot | Jérôme Bouchard | William Brymner | Cozic | Rodolphe Duguay | Marcelle Ferron | Louise Gadbois | Mathieu Grenier | Betty Goodwin | John Heward | Frère Jérôme | Jean-Paul Jérôme | Lucie Laporte | Renée Lavaillante | Lisette Lemieux | Richard Mill | Roberto Pellegrinuzzi | Rita Letendre | Yannick Pouliot | Louise Robert | Michael A. Robinson | Robert Roussil | Sylvia Safdie | Eugenie Shinkle | Alan Sonfist | Françoise Sullivan | Barbara Steinman | Mariette Vermette


Image à la une : 

Vue de l’exposition Salvifique, Musée d’art de Joliette, 2021. Photo : Romain Guilbault.