Coup d’œil sur la collection du MAJ – Rodolphe Duguay. D’un naturel

Commissaire : Julie Alary Lavallée

Du 10 février 2024 au 8 septembre 2024

À propos —

Plusieurs choses ont été écrites sur Rodolphe Duguay (1891-1973) et si peu à la fois. Ses pensées quotidiennes, qu’il a réunies dans neuf carnets entre les années 1907 et 1927, ont grandement contribué à faire connaître ses aspirations. Il s’est éteint au début des années 1970 dans un Québec en changement, à une époque où la pratique de la peinture, ancrée dans l’abstraction picturale, s’était éloignée des fonctions de représentation de la réalité qu’il avait connues. Ce monde était à des années-lumière du sien, celui d’un Québec rural.

Le MAJ se fait un devoir de souligner le 50e anniversaire de décès de cet artiste dont la carrière a été mise de côté par l’Histoire. Il souhaite ainsi faire redécouvrir la production de ce peintre et graveur, qui, après un séjour de sept ans en France en tant que premier boursier du Québec, a choisi de retourner vivre dans son Nicolet natal, à l’écart des projecteurs. Pour l’occasion, seize œuvres du MAJ sont présentées pour la plupart une première fois.

Pour certains, c’est en gravure qu’il laisse un legs innovateur, entre autres, pour ses recherches sur la lumière. La gravure était pour lui un moyen de subsistance. Il en aurait produit 155 dans les années 1930. Par contre, c’est plutôt le médium de la peinture qu’il préférait et qu’il usait avec agilité pour réaliser des paysages, le genre ultime pour lui. Au fil du temps, Duguay s’est intéressé à la représentation de scènes paysagères d’une grande expressivité, témoins de la vie campagnarde, cherchant à les organiser selon des mises en scène inventives. Intrinsèquement croyant, Duguay plaçait la nature parmi les grands mystères de la vie.

Il travaillait le format intimiste. Le grand format et les commandes de murales religieuses n’étaient pas pour lui. Il n’affectionnait pas non plus de peindre des portraits. Néanmoins, deux œuvres du MAJ, ici présentées, donnent une place de choix à l’humain, dont l’une d’elles témoigne de ses études anatomiques réalisées à l’Académie Julian à Paris.

Chez lui, le ciel est un personnage récurrent. Il occupe une place prépondérante, se montrant enveloppant et parfois hostile. Les individus et les animaux ont souvent la tête baissée, en signe de tristesse ou de soumission devant l’immensité. Ses paysages, d’une grande expressivité, rappellent que l’humain n’est qu’une particule dans ce vaste univers. Aujourd’hui, à l’ère des changements climatiques, cette insistance sur la nature, la simplicité et le quotidien loin de la ville, prend un autre sens. Celui qu’on se répète, mais sans y arriver : prendre le temps de voir les saisons passer, pour le bien de la Terre.


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Biographie —

Peintre, graveur et illustrateur reconnu surtout pour ses paysages, Rodolphe Duguay se distingue de ses contemporains en menant une carrière loin des grands centres. Unique élève de Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, il développe une pratique entre tradition et modernité, éclipsée au Québec à partir de la fin des années 1940 par l’arrivée du modernisme pictural. Son atelier construit dès son retour d’Europe sur la terre familiale à Nicolet, à l’image de celui qu’il occupait à Paris, est aujourd’hui un lieu patrimonial dédié à la mise en valeur de son art. Ce lieu permet un saut passionnant au cœur de son univers et celui de l’art québécois du début du 20e siècle.


Balado : Sur les traces de Duguay —

Sur les traces de Duguay, une série de balado pour vous faire connaître l’artiste et sa conjointe Jeanne l’Archevêque.

Produit par la Maison et atelier Rodolphe-Duguay.

En savoir plus

Ce coup d’œil sur la collection s’inscrit dans le cadre du 50e anniversaire de décès de Rodolphe Duguay organisé par la Maison et atelier Rodolphe‑Duguay.


Images à la une :

Rodolphe Duguay, L’enfant et la fortune, n. d., huile sur panneau. Collection du Musée d’art de Joliette. A.2017.011. Photo : Romain Guilbault

Rodolphe Duguay, Portrait académique d’un homme, Sans titre et Sans titre. Collection du Musée d’art de Joliette. Photo : Romain Guilbault